La plantation des arbres et arbustes en automne : pourquoi à la Sainte Catherine ?
28 novembre 2011
Et voici de nouveau la Sainte Catherine, une journée qui marque le début de la période la plus favorable pour la plantation des plantes pérennes, arbres et arbustes: “à la Sainte Catherine, tout arbre prend racine…”. Cette saison va durer jusqu’aux froids de janvier, sauf épisodes neigeux préalables. En 2009 il a neigé le 19 décembre, en 2010, dès le 19 novembre. Cette année, on verra.
Pourquoi planter en novembre ?
Le système souterrain (les racines) travaille ‘en différé’ par rapport au système aérien (les feuilles).
En automne, la sève se retire dans les racines (elle ‘descend’), entraînant la chute des feuilles. A partir de ce moment la partie aérienne de la plante entre en repos végétatif. Mais les racines, elles, continuent de pousser. Planter un arbre en novembre permet donc à son système racinaire de bien s’installer avant les grands froids. Au printemps, l’arbre repartira avec d’autant plus de vigueur que son système racinaire sera bien développé. Il sera également plus résistant en cas de sécheresse. Au printemps, l’inverse est vrai, et les bourgeons se réveillent avant les racines.
On plante maintenant les arbres et arbustes à racines nues.
Certains rosiéristes ou obtenteurs d’arbres réputés n’expédient leurs plantes qu’à partir de la fin novembre. Donc, pas de panique pour ceux qui souhaitent encore réfléchir à quelques commandes, la saison bat son plein encore pour quelques semaines.
On peut planter jusqu’au début de l’hiver
Cependant, on ne peut planter qu’à condition que le sol ne soit pas gelé. La période la plus favorable s’étend sans conteste de mi novembre à mi décembre car les racines ont le temps de bien s’installer avant les grands froids de janvier.
Voir le stage ‘Choix et plantation des arbres et arbustes’

Préparer les végétaux
Praliner pour réhydrater avant de planter
Le pralin est un mélange de boue de vache séchée, d’argile et d’eau. On trempe les racines de la plante dans un pralin pour que le chevelu de la plante soit imprégné d’une substance favorable à son développement. Mais le pralinage sert surtout à réhydrater la plante avant la plantation. C’est une précaution très importante car les végétaux souffrent lors des manipulations et attendent parfois quelques semaines entre arrachage et replantation. A défaut de pralin, un trempage dans un seau d’eau fera l’affaire, et cette étape est indispensable.

Mettre les végétaux en jauge
Si l’on ne peut pas planter des végétaux dès leur réception, il faut défaire le paquet d’expédition le plus rapidement possible. Attention, le séjour dans un garage ou pire, dans une cave, s’il protège les plantes du gel, n’empêche pas leur déshydratation, au contraire, or celle ci est très dangereuse pour les racines. Il faut donc mettre les plantes en jauge, c’est à dire placer tout le chevelu dans un trou, le recouvrir de terre ou de sable et arroser. Protégée ainsi du gel et de la soif, la plante attendra le jour de sa plantation et si plusieurs jours ou même plusieurs semaines se sont écoulés avant la plantation, le jardinier pourra constater le développement du système racinaire. Attention donc aux garages desséchants.

Tailler ou ‘rafraîchir’ ?
On préconise généralement de ‘rafraîchir’ les racines, c’est à dire de tailler légèrement leur extrémité (photo du milieu). Si le chevelu est en bon état (photo de gauche), ce n’est pas forcément nécessaire. Il suffit de vérifier qu’aucune racine n’est abîmée et qu’un chignon n’est pas en train de se former, sinon bien sûr, il faut tailler (photo de droite). Il en va de même pour les branches, mais ce n’est pas le moment de faire une taille de mise en forme.



Le trou de plantation
Un vieux débat, la taille du trou à préparer
Faut il un gros ou un petit trou de plantation, le faire à l’avance ou au moment de planter ? La réponse est simple : ça dépend du sol. En sol argileux, il ne sert à rien de s’y prendre à l’avance car une pluie qui survient bouche le trou et le sol fraîchement remué et imprégné d’eau est beaucoup plus long à ressuyer, rendant la plantation difficile. Dans une ‘terre à lapins’ très poudreuse et légère, ce n’est pas non plus la peine de s’y prendre à l’avance car la plantation est rapide. Il n’y a donc que dans les sols très difficiles où l’intervention d’un engin, est nécessaire, que l’on prépare les trous de plantation à l’avance. Nous avons ainsi dû creuser à la pelleteuse à certains endroits du Jardin des Merlettes envahis de silex.
Préparer soigneusement le trou
En particulier, il faut s’assurer que les parois ne sont pas lisses après le passage de la bêche. Si c’est le cas, les griffer. Et dimensionner le trou en fonction de la taille de la motte à installer : parois large et relativement plat (certains arbres fruitiers, les pommiers par exemple) ou au contraire relativement étroit et profond (pour les rosiers).



La taille nécessaire pour le trou dépend également de l’état du sol
Meilleur le sol, plus petit le trou à préparer car les racines y feront facilement leur chemin. En revanche, un sol compact demandera la préparation d’un volume plus grand. Si l’on doit creuser profond, attention aux horizons du sol : il faut veiller à ne pas les inverser pour protéger la vie du sol. Les insectes, mais aussi les vers de terre et les bactéries vivent à des profondeurs très spécifiques. Les enfouir trop ou, au contraire, les amener en surface, peut provoquer leur disparition.



Faut il apporter des engrais à la plantation ?
Tout dépend du sol, encore une fois
Beaucoup de jardiniers ont l’impression d’aider leurs jeunes arbres en leur apportant un engrais au moment de la plantation. Une nourriture facilement assimilable, en quelque sorte un viatique pour les premiers mois d’adaptation. Mais dans un sol bien structuré et vivant, il n’y a pas besoin d’engrais. Ce n’est certes pas le cas partout, mais nous pensons que le jardinier doit soigner son sol tout au long des années. Si c’est le cas, il n’y a pas de soin particulier à apporter lors de la plantation. Et sinon… la poignée d’engrais n’est qu’un cautère sur une jambe de bois !
Se méfier beaucoup des engrais trop près des racines
En effet, les engrais peuvent brûler les racines. Cela vaut aussi pour le fumier, s’il n’a pas été composté assez longtemps. Ne pas enfouir non plus d’herbe au pied de l’arbre. En se décomposant, elle perturbe les échanges gazeux et se révèle nocive.
Préparer très en avance
Si vous êtes convaincus par nos explications, essayez de prévoir dès maintenant vos plantations… de l’an prochain et d’installer bâches, mulch et BRF pour faire revivre le sol de votre jardin.

Voir le stage ‘soigner le sol de son jardin’
Comment planter ?
La hauteur à laquelle on plante l’arbre ou l’arbuste par rapport au sol est très importante
Il faut absolument éviter d’enterrer le collet (limite entre la partie souterraine et la partie aérienne) de la plante car ceci entraînerait le pourrissement de certains arbres et l’affranchissement de certains autres. Pour éviter de se tromper, on place un bâton en travers du trou de plantation, bien en appui sur le sol des deux côtés du trou, et ceci sert de repère. Une bonne précaution : planter à deux. L’un maintient le sujet, l’autre apporte la terre. Ainsi on plante droit et au bon niveau !



On dispose les racines bien écartées
On les place en étoile, éventuellement en les plaçant sur un petit dôme de terre, si leur forme s’y prête. Chacune partira ainsi dans sa direction et un volume maximum de terre sera investigué par le système racinaire.
On recouvre de terre
On ne jette pas de grandes pelletées, mais on émiette la terre à la main en vérifiant qu’elle glisse bien entre les racines. Le sujet doit pouvoir tenir droit même avant qu’on ait tassé la terre à la main, (et non pas au pied !)

On arrose à l’arrosoir, au goulot, pour finir de tasser la terre
Au Jardin des Merlettes, où le sol est très argileux, ceci ne s’impose pas car la première pluie se chargera de tasser le sol très soigneusement émietté. En revanche, on met un peu plus de terre au pied de chaque arbre car la terre qui a foisonné à la plantation prendra beaucoup moins de place une fois arrosée.
Piquets et haubanage
Il est généralement nécessaire d’attacher la plante à un piquet pour la protéger du vent
Le vent secoue en effet les plantes et ralentit ou empêche le développement du système racinaire. Le piquet doit être enfoncé bien profondément, plus que la hauteur de terre remuée à l’occasion de la plantation. On commence par installer le piquet, si possible du côté du vent dominant, puis on présente l’arbuste et on le plante de façon à ce que ses branches ne soient pas gênées par le piquet. Au cours de l’hiver, il faut vérifier que l’arbuste ne frotte pas contre le piquet et, si c’est le cas, installer une petite séparation. Et par la suite, penser à desserrer le lien pour ne pas étrangler le jeune arbre. Il faut également se méfier de la gêne que peut occasionner un piquet pour le développement des branches latérales. Sur la photo ci dessus, on voit que le cyprès chauve (Taxodium Distichum) ne peut pas développer de branche sur presque la moitié de sa circonférence. Le piquet a été retiré depuis mais il est trop tard pour que de nouvelles branches poussent au bas de l’arbre. Celui ci restera donc déséquilibré pendant quelques années.

Il faut parfois haubaner
Un piquet seul n’est parfois pas suffisant si l’arbre a besoin d’être attaché par plusieurs angles. Ce n’est généralement pas le cas quand on plante petit, ce que nous recommandons chaque fois que possible. Quand on cherche à restaurer un alignement et que l’on a besoin de planter une ébauche d’arbre, il faut haubaner. Pour un jeune scion, ce n’est pas nécessaire.
Protection et grillage
Quand on a suivi toutes ces dispositions, l’arbuste est bien planté, bien installé, mais la tâche n’est pas finie. Il faut en effet penser à le protéger du mauvais temps et des ravageurs.
Installer un paillage au sol
Cela protège (un peu) contre les mauvaises herbes et surtout évite l’évapotranspiration. Les printemps récents ont été très secs. Le paillage diminue le besoin en arrosage. Il est plus ou moins efficace contre les mauvaises herbes mais le sol, protégé du martèlement des gouttes de pluie par le paillage est facile à désherber. Tant mieux car il est important de désherber le pied des arbustes dans leurs jeunes années, pour éviter la concurrence de l‘herbe, très gourmande en eau. C’est vrai qu’un dispositif aussi important que sur la photo ci-dessous peut faire sourire car on devine à peine le jeune scion de pommier à côté du bambou, mais petit scion deviendra grand, surtout s’il est bien protégé !

Installer un grillage
Pas de problème si votre jardin est en ville, quoique… il faut se méfier des griffes du chat du voisin aussi. Et, en pleine campagne, penser à adapter la taille du grillage à celle du ravageur, petit, moyen ou gros gibier !



En résumé : planter bien, c’est planter soigneusement, en prenant son temps. Au Jardin, on prévoit de planter 10 à 15 arbres par jour (à deux personnes) lorsque le travail est fait par des jardiniers amateurs, dans un terrain sans grande difficulté et que le chantier a été préparé, c’est à dire que tous les outils et le matériel nécessaire sont à disposition. Ce temps comprend aussi la mise en place des piquets, d’un petit grillage et d’une couverture au sol. Pour les arbustes, on prévoit de planter environ 20 arbustes par jour.
Bonne plantation = bonne reprise, alors, à vous de jouer !